Évolution de ma pratique de Doula
Je vous partage ici, les récentes révélations, prises de conscience que j’ai eu quand à ma pratique de Doula.
Lorsque j’ai décidé de me former au métier de Doula, j’avais cette aspiration de supporter les Femmes dans les différents Pas.sages de leur vie et particulièrement celui qu’est l’enfantement d’un bébé. Comme beaucoup de Doulas en apprentissage, l’idée d’accompagner une Femme lors d’un enfantement était pour moi, terriblement excitante. D’être présente et de témoigner de la puissance d’une Femme en train de mettre au monde son bébé. De voir un bébé prendre son premier souffle et de vivre cette montée d’ocytocine bouleversante était pour moi une envie très forte.
Peut être, sans doute pour re-vivre en conscience les propres mise au monde de mes filles. Au moment de leur naissance, je n’avais pas cette connaissance, cette confiance que j’ai aujourd’hui. A l’époque, j’ai fait tout ce qu’on m’a dit de faire. Je sentais pourtant que d’être allongée à l’hôpital, déclenchée, sous péridurale ne faisait pas vraiment de sens, mais en tant que bonne petite fille de cette société patriarcale, j’avais bien appris ma leçon. L’accouchement, c’est douloureux, dangereux et puisqu’ils portent une blouse blanche, ils doivent mieux savoir que moi ce qui est bien pour moi et mon bébé. ( Cf : expérience de Milgram et l’influence d’un représentant de l’autorité dans la prise de décision)
Spoiler Alert : c’est FAUX, archi FAUX. La naissance est un processus physiologique qui n’a besoin d’aucune intervention, sauf cas rare de pathologie. Alors oui mes filles étaient en bonne santé, moi aussi. Mais j’étais à demi éteinte, avec le sentiment qu’un rouleau compresseur, m’était passé sur le corps et avait ravagé mon cœur.
Même si en soit, cela s’est bien passé. Je n’ai pas enfanté dans ma pleine puissance mais je me suis faite accouchée. Dépossédée par mon ignorance, entretenue par le système, de ce rite de Pas.sage puissant. Sans savoir pourquoi, je sombrais tout doucement dans la dépression post natale. J’avais beau être heureuse de les avoir près de moi, de ressentir cet amour fou pour elle. Je me sentais en profonde dissonance entre mon ressenti et ce qu’on attend d’une jeune maman. La culpabilité me rongeait. Les inégalités de genres sont venues me claquer en pleine face pour ne pas dire en pleine gueule : la charge mentale, infantilisation des femmes, leurs rôles assignées, l’isolement maternelle…et cela malgré la présence, l’implication, la compréhension, le soutient sans faille du père de mes filles. C’était beaucoup plus profond que cela. Comme si tout ce que j’avais infusé, intégré de part la société, l’école, l’éducation, la culture, etc, depuis mon enfance sur la maternité sonnaient maintenant FAUX et ne faisaient pas écho à ma réalité.
La formation de Yoga et celle de Doula sont venu remettre du sens dans tout cela et m’ont aidé à me connaitre, me comprendre, à comprendre ce qu’est une naissance, à rendre la responsabilité a qui de droit, à réparer aussi le vécu traumatique. Alors même si ce n’est pas forcément le vécu de toutes les Doulas, je pense qu’on est pas mal à se former entre autre pour cette raison.
Tout cela pour dire que j’arrivais avec cette aspirations a être une Doula des naissances, à tenir l’espace, a m’assurer que les Femmes soient dans leur meilleures conditions pour vivre ce rite de Pas.Sage dans leur pleine souveraineté. Comme si offrir aux Femmes cette espace sécuritaire allait réparer mes enfantements à moi. Mais c’était mon ego qui me guidait. Malgré les mise en garde de nos merveilleuses formatrices Karine et Mélanie je continuais à penser que c’était cette Doula des naissances que je voulais être. Je ne me sentais pour autant pas légitime, n’ayant pas vécu ces naissances naturellement et physiologiquement Merci le syndrome de l’imposteur, que peu d’Homme ressentent tant nous l’avons intégré en tant que Femmes. Voila ou j’en étais il y a encore quelques semaines.
Et puis un matin je me suis réveillée après un rêve particulièrement intense. Dans ce rêve je venais de mettre au monde un bébé, seule avec mon partenaire. Je bougeais à 4 pattes en grognant, comme une Cro-Magnone. Tantôt en appuis sur une chaise, tantôt suspendue au cou de mon mari. Je pouvais sentir l’intensité des contractions, ces vagues qui submergent et qui se retirent, je pouvais sentir mon bébé descendre dans mon bassin , s’engouffrer dans le canal étroit de mon vagin. Je sentais la pression de la tête sur mon périnée qui s’ouvrait. Rien que de l’écrire, je le ressens de nouveau dans mon corps. Je posais ma main sur ma vulve et sentais le cuir chevelu de mon bébé qui s’en venait. De l’intensité, de la force de la puissance mais pas de douleur. Je me laissais traverser par ce bébé. Je me laissai mourir a celle que j’étais pour renaitre en tant que mère de ce bébé. Ce rêve a été une puissante médecine pour mon cœur de mère, de femme et de Doula. Cette expérience onirique tellement puissante est venue me libérer de cette injonction, cette pression que je m’étais mise à être une Doula des naissances. Elle est venue poser de la douceur, un baume sur les plaies encore ouvertes et m’a fait sentir, cette puissance que je ressens au plus profond de moi et que j’ai encore du mal a exprimer, expérimenter. Cette énergie qui vient de l’obscurité de la nuit profonde. Oui j’en suis capable, je les même fait. L’ego, mon ego commençait tranquillement à se fissurer.
Car au plus profond de moi, je sais que c’est dans l’obscurité, dans l’ombre, que je me déplace avec le plus d’aisance, que je brille le plus. C’est depuis l’intériorité de ma grotte, de mon espace intérieur, le noir de la nuit, le silence de la mort que je suis appelée. Je suis et depuis toujours celle qui écoute en silence, qui observe qui est là, juste présente. J’ai longtemps pensé que c’était un défaut, d’introvertie, d’indécrottable timide, mais c’est aujourd’hui là ou réside ma puissance : l’écoute, la présence, le soutient, le support. Cette force tranquille que je ressens également dans ma pratique de yogini.
La deuxième fissure a eu lieu, il y a quelques jours lorsque j’ai rencontré une de mes consœurs de l’Ecole Quantik Doula, Sarah. En discutant avec elle, en partageant nos expériences, j’ai eu cette fulgurance mon job, ma mission en tant que Doula se situe dans le Post Partum immédiat, dans l’accueil de ce qui est, dans l’écoute des Femmes. Et là toutes les pièces du puzzle se sont mise en place. Tout devenait si simple, tout coulait de source que ça soit dans l’organisation par rapport a ma vie familiale, professionnelle de professeure de yoga, à mon champ de compétence, à ce qui me fait vibrer. C’est là ou je dois et je veux être. Auprès des Femmes dans leur Post Partum là ou elles en ont le plus besoin. Là ou une fois le bébé né, elles se retrouvent seules, sans plus de suivi médicale après avoir été sous surveillance rapprochée durant des mois. Comme si le fait d’être mère, d’intégrer cette nouvelle identité, se remettre physiquement de l’enfantement tout en s’occupant d’un bébé 24h sur 24 allait de soit. Les proches présent un temps au début mais surtout pour le bébé, disparaissent progressivement et la jeune mère se retrouve seule, isolée, avec ses doutes, ses peurs, ses blessures et ses traumas.
Je suis celle qui tient l’espace dans l’hiver intérieur qu’est le Post Partum que ça soit après une naissance ou une IVG/ IMG/ arrêt naturel de grossesse. Je suis cette Doula du détricotage et du tissage des périodes obscures. Ces hivers intérieurs que l’on traversent également lors de l’arrivé du sang de nos menstruations et de la ménopause. Je suis cette Doula, qui accompagne le sang, les larmes et les Pas.sages identitaires profonds.
Dans les semaines a venir, mes propositions de Doula vont probablement évoluées. Pleins de nouvelles idées sont en train de germer, en collectif, en individuel, sur le long et le court terme.
Je vous tiendrais informé, des nouveautés.
Merci de m’avoir lu dans ce partage intime de mon évolution.
Avec toute ma tendresse
Namaste
Camille, LunasanaYoga&Doula